Matías Alejandro itibaren Tham Lot, Pang Mapha District, Mae Hong Son, Thailand

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12/22/2024

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Matías Alejandro Kitabın yeniden yazılması (11)

2018-07-31 17:40

Panzehir - Daniel Palmer TrendKitaplar Kütüphanesi

Tarafından yazılmış kitap Tarafından: Koridor Yayıncılık

"Parce qu'on porte le feu?" "Oui, parce qu'on porte le feu" Ces deux phrases reviennent à plusieurs reprises tout au long du roman, comme un leitmotiv. Leur importance est d'autant plus prépondérante que les échanges entre les deux protagonistes sont rares et surtout concis. Quelques phrases échangées de temps en temps. De toute manière, les mots ne les aideraient pas à survivre. Les mots qu'ils emploient sont inutiles; les choses qu'ils avaient coutume de qualifier ou de décrire n'existent plus. Le monde tel que l'homme et l'enfant l'ont connu a disparu, recouvert sous une couche de cendres. Cormac McCarty a créé un monde gonflé d'un silence douloureux, où chaque mot prononcé semble peser une tonne. Chaque mot qu'ils prononcent s'apparente à une montagne qu'il faut déplacer, un rocher à hisser au sommet d'une colline mais qui finira toujours par redescendre, comme le châtiment de ce pauvre Sisyphe, avec l'espoir qu'un jour peut-être, tout cela prendra fin. Ils marchent tout deux, ils avancent continuellement vers une destination inconnue... juste vers le sud, rien de plus précis. Un lieu plus sûr, un lieu où ils seraient en sécurité je suppose. Mais au fond, l'homme ne dit jamais pourquoi ils vont vers le sud, ou bien ce qu'ils vont y trouver. Tout simplement parce qu'il l'ignore. Il sait tout juste comment les maintenir tous les deux en vie, jour après jour, en quête de nourriture et d'eau. Le fantôme de la femme, probablement l'épouse de l'homme, ou du moins la mère de l'enfant, est pesant, angoissant et surtout désespérant à travers cette sorte de prédiction qu'elle énonce, cette vérité cruelle qu'elle lui jette au visage, et qui le hante perpétuellement et constitue un véritable fardeau. Ils portent le feu. Quel est ce feu? Est-ce celui de l'espoir? Celui de l'humanité? Ou bien est-ce une référence au feu que Prométhée vola aux dieux pour en faire présent aux hommes? Un feu sacré qui continue de brûler en eux, les maintenant en vie. Le feu de la survie. La chaleur, le revolver, la mémoire. Ce qui m'a réellement impressionné, ce sont la force et le courage de cet homme, seul avec son fils, dans un monde désert et chaotique, où le désespoir, la peur, et l'horreur sont les seules notions qui puissent encore être connues et observées; cet homme n'a jamais cessé d'être humain. Il cherche avant tout à rester un père, avant d'être un survivant ou même juste un homme. Son seul but est de protéger son fils, peu importe ce qu'il en coûte. Et l'insupportable silence de l'enfant qui ne comprend, parfois, les réactions de son père, rend l'histoire et leur relation d'autant plus tragiques. L'auteur a eu le génie de dépeindre le garçon comme un enfant, un enfant "normal" si je puis dire, qui évoluerait dans un univers normal. Il observe les attitudes des gens, leurs actions et tâche de les analyser et de les comprendre en vue de se créer sa propre image du monde, sa propre perspective. Cormac McCarty établit d'autre part une sorte de séparation entre deux sortes d'individus: d'un côté, les "gentils"; de l'autre, les "méchants". Division on ne peut plus manichéenne du monde. Et les questions incessantes de l'enfant ne font que souligner l'absurdité mais avant tout la complexité d'une telle division. Et, au fond, l'auteur ne définit jamais aucun d'eux. Le lecteur sait juste que l'homme et le garçon font partie des "gentils". Rien de plus. Après lecture du roman, on peut émettre l'hypothèse que les "gentils" sont ceux qui se refusent à manger de la chair humaine pour survivre, ceux qui rejettent le cannibalisme quitte à en mourir. Mais ce n'est finalement qu'une hypothèse. C'est tout l'intérêt de la chose d'ailleurs. Le roman nous fait réfléchir à la manière dont nous réagirions en pareil cas. La fin du monde est probable, où du moins celle de l'humanité. Cela s'est déjà produit pour d'autres espèces, cela peut recommencer. Il y tellement de livres de fiction traitant de ce sujet. Mais "La Route" est un roman puissant, hors norme. Je ne pensais pas que je pleurerais. Depuis la première page du livre, l'atmosphère était certes lourde, triste et désespérée mais je ne pensais pas que je pleurerais. C'était d'ailleurs le cas alors que j'étais presque arrivée à la fin. Mais, de manière subtile, l'écriture de Cormac McCarty s'est insinuée en moi, à la manière d'un poison qui se répand lentement de sorte que l'on n'en sent pas les effets avant qu'il soit trop tard. J'ai tellement pleuré, des flots de larmes que j'ai eu du mal à interrompre. Cela m'est arrivé sans prévenir, comme une balle en plein coeur, ou un coup dans l'estomac. C'est la raison pour laquelle ce livre est puissant, incroyable. J'ai mis tellement de temps à me décider à le lire, mais ce fut une expérience hors du commun. Un voyage vers la fin de l'humanité, et peut-être sa naissance aussi d'une certaine manière, et surtout, un voyage dans ma propre conscience. Du grand art.

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